mardi 8 décembre 2009

L'origole : mes premiers pas de trailer !

Samedi soir était donc mon baptême du feu. Après trois marathon et deux courses natures, me voilà en route pour la petite édition de l'Origole, grand trail nocturne organisée au Perray en Yvelines à l'occasion du Téléthon.


L'après midi avait bien commencé, mon opticien avait mes lentilles en stock ! Ouf, déjà le problème des lunettes de régler ! Retour à l'appart, où je commence tranquillement à préparer mes affaires. Le sac est vide, les fringues (caleçon, chaussettes, t-shirt manches longues, polaire...) forment une belle pile à coté, la réserve alimentaire prête à être consommée.

Préparation du sac


Ensuite, direction la sieste ! Bon, comme un gros bébé, 2h30, je devais en avoir besoin. Réveil, et préparation du repas sur le coup des 18H. Pâtes, fromage, pain, yaourt, céréale et un bon café ! 19H30, le sac est prêt, en route pour Le Perray. Je m'arrête au gymnase afin de récupérer mon dossard avant de rejoindre Gaël et Vince qui se lancent aussi dans l'aventure. Après un aller-retour à la voiture afin de présenter mon sac au contrôle et après vérification de mon identité, je récupère mon sésame !

Et un dossard, un !


Je rejoints ensuite les deux compères chez Gaël. Ça discute, ça rigole, et voilà l'heure de se changer et de partir ! Un peu tard d'ailleurs, car on manquera la plus grosse partie du briefing d'avant course... Là surprise ! Deux têtes connues ! Merci môman d'avoir fait le déplacement pour le départ, encore une fois, ça m'a fait très plaisir !

Vince, Gaël et moi


La masse de coureurs réfléchissants


22H sonnent à l'horloge de la gare, mais nous ne bougeons toujours pas. L'excitation est là, j'ai envie de partir. Gaël et Vince feront route ensemble, tandis que je partirais à priori devant. Tiens, tout le monde avance ! c'est fait, c'est le départ !

La boucle d'Orlande

Les premiers kilomètres sont plats. J'essaie de me caler sur un rythme correct, à savoir un 5min30 au kilo. Plus doucement que mon dernier marathon, pour prendre le rythme. Sauf que je ne suis pas constant, loin de là. 5'42, 5'26, 5'52,  5'17, 6', 5'48... C'est le yoyo, expliqué par le premier passage en sous-bois boueux. Les chaussures font floc floc après seulement 3 kilomètres, ça promet... Je remonte des groupes, j'essaye de doubler, j'ai l'impression de pas forcer et je kiff à mort ! Les sous bois à la frontale, ça a quelque chose de magique. Les traileurs annoncent les différents dangers, troncs et branches, il y a vraiment une bonne ambiance. Le 6ème kilomètre est bien entamé, je sais qu'on arrive sur la première difficulté. Hop, une pate de fruit histoire d'anticiper, quelques gorgées d'eau... Et voilà, les montagnes russes commencent ! Ca monte, ça glisse, ça redescend et ça remonte ! Hum, d'accord, et si on marchait un peu là ? En fait, à ce moment là, je suis la troupe. Je ne double plus je suis toujours bien, même si je sens que les cuisses vont avoir du boulot cette nuit... Je ne sais plus combien de kilomètres durent ce premier bloc. Je sais juste qu'après, j'ai déjà bien entamé mon capital, mais que je ne le sais pas encore... Nous retrouvons du plat, et de la boue. Ca pue, on glisse, mais l'ambiance est toujours là. Je me doute que je vais en baver, car les cuisses et les mollets durcissent à cause des glissades dans la boue, mais je suis toujours serein.

Photo prise par Gaël, mais je ne sais pas où...


Me voilà arrivé à la mi-course, le Château des Mesnuls. Coup d'œil sur le GPS, 1H34', pas mal ! J'apprends à cette occasion que je suis juste derrière la première féminine. S'en suit un long faux plat montant qui me ferra très très mal. Je ne reverrais d'ailleurs plus la première féminine à partir de maintenant... Je finis en marchant, car d'un seul coup, j'ai les jambes vides... Je me suis pourtant nourris (pates de fruits, barre de céréale et gorgée d'eau régulière). Ok, la course commence maintenant...


Ca commence à chauffer...


Après ce faux plat montant, si mes souvenirs sont bons, ça redevient plat, mais une nouvelle fois très très boueux (entre le 15 et 16). Et puis arrive la deuxième difficulté, ou plutôt la deuxième série de difficultés, qui durera grosso modo jusqu’au 18,5ème kilo. Montées, descentes, je suis un coureur, on ne peut même pas vraiment dire qu’on marche dans les montées tellement nous sommes lent et la pente difficile. Je mets 14’46’’ à avaler le 18ème kilo ! Les descentes sont vertigineuses, heureusement, dans la nuit, on ne se rend pas forcément compte… lol En tout cas, tout est fait en marchant, et j’ai vraiment de plus en plus de mal à recourir sur le plat. Les relances ne sont plus difficiles, mais inexistantes… Regardez l’image juste au dessus, entre le 17 et le 18 : les organisateurs se sont trompés ! Au lieu de faire des lacets parallèles à la pente, ils sont perpendiculaires !!! 

Le 19ème est en montée légère, gras mais pas marécageux, mais impossible d’y courir… Les jambes sont vides… J’en profite pour sortir l’appareil photo, ça donne ça :


La suite est une longue agonie. Le bide continue de se rebeller, d’un coté une sensation de faim, de l’autre une sensation de nausée… Je fractionne maintenant même sur le plat, mais de manière anarchique, sans pouvoir tenir de vrai rythme. Je cours lorsque c’est facile, mais dès que ça redeviens trop boueux, chaque écart manque de me faire une crampe, alors, j’y marche. Je discute avec un concurrent sur lequel je suis revenu depuis la fin du 19ème. On restera un moment ensemble, sans forcément parler, mais ensemble, et c’est déjà bon pour le moral. Lui aussi fractionne, alors, on essaye de tenir le coup… Les 21, 22 et 23ème kilos seront faits en 8’30 en moyenne... Il finira par accrocher un bon wagon et je me retrouverais tout seul dans les sous bois. Les ressources ne sont plus là, ni la tête, ni les jambes, et je n’arrive plus à me faire violence pour courir. Je marche, mais je ne prends pas de plaisir, focalisé sur tout ce qu’il me reste à parcourir et sur l’allure qui ne finit pas de chuter…

Peu après le 26ème, on sort de la forêt pour 2 kilomètres à travers champs… Les traileurs continuent leur route en me doublant, certains ayant un petit encouragement pour moi au passage. Vent de face, et quelques gouttes tombées quelques minutes avant font que malgré le coupe-vent enfilé en vitesse, j’ai froid… Décidément… Je suis en 10’30 au kilo, je marche, pas vraiment dynamique, même ça je n’y arrive plus. Un traileur me dépasse et se met à marcher quelques mètres devant moi. Je le rattrape rapidement, et on se met à discuter. Enfin surtout lui, parce que moi, je suis au fond du trou. Nauséeux, encore et toujours, et un peu gelé quand même. Il m’apprend que le parcours a été un petit peu augmenté et avoisine maintenant les 30 bornes… Et mer**… Arrivé au bout du chemin, on passe sous la RN10 et on rentre dans la ville. Il se motive et se remets à courir, je n’essaye même pas. Je marche, je veux arriver et en finir. Je ne reconnais pas encore les lieux. Deux personnes sont dehors et applaudissent les coureurs, il est 2h du mat, j’ai du mal à en croire mes yeux… Je les remercie, ça me fait du bien. Au même moment, j’aperçois la mairie, synonyme d’arrivée. Je m’en veux d’avoir autant marché, interdit d’entré comme ça dans le gymnase. Je me remets à courir, bonjour la tortue… Dernière ligne droite, attention, la route à traverser, mais c’est vert pour les piétons ! Je vois quelques trailers qui arrivent sur la chaussée, ha non, je suis vexé par ma course mais il doit me rester un minimum d’amour propre parce que j’accélère, je ne veux pas me faire doubler à 10 mètres de l’entré. C’est fait, je suis dedans. On me demande mon numéro de dossard, on me donne mon t-shirt finisher. 4H02min et 46sec de course… Quand même…
La petite famille de Gaël est là, au complet, et en plus au téléphone avec Gaël. Ils me félicitent, mais je dois avoir une sale mine, les regards sont… circonspects… Je leur dit que c’est normal, que je finis toujours mes courses dans un sale état, j’essaie de les rassurer un minimum quoi. Entre temps, son père m’a passé Gaël avec qui il était au téléphone. Lui aussi me félicite, me dis qu’ils en chient et sortent de la forêt. Ok, encore 3 kilomètres bien tassés avant l’arrivée, je les préviens du vent et leur souhaite bon courage. La famille part à leur rencontre, je reste à les attendre dans le gymnase, je change de haut et je m’allonge… Dur de récupérer.



Gaël et Vince arrive, on se félicite, c’était un beau défi. Ils auront mis 4H29min. Félicitation, ils se sont entrainés pour mais ne sont pas coureurs à la base, c’est vraiment une belle perf. Les gars, sincèrement, bravo.



On rentre en vitesse car il fait froid, et on a surtout envie de se changer et de prendre une bonne douche. C’est rapidement chose faite, et ça fait du bien. L’éternel passage par les WC, incroyable ce que je me sens mieux tout de suite après. Je préfère donc repartir illico, même si j’avais prévu le duvet au cas où. Rentré 30min plus, Solen m’a attendu et me félicite. Moi, je suis déçu, mais surtout fatigué. Rideau, il est 4h du mat…








Bon, vous l’avez compris, cette course, ça n’a pas été que du bonheur, loin de là. Déception au niveau des sensations, au niveau de la perf… Déçu d’avoir autant marché (quasiment non stop sur les 10 derniers)… Peut être que je n’étais pas assez dans la config « trail », normal, c’était le premier. Sans doute que j’ai sous-estimé la course et l’effort à fournir, et évidement que je ne me suis pas préparé de la meilleure des façons (en tout cas pas spécifiquement). Je comptais sur la dynamique post-marathon, entretenue par la Route des 4 Châteaux, mais cela n’a pas suffit. Déjà, la R4C est une course nature et pas un trail, je vois maintenant la différence. Ensuite, il m’a manqué beaucoup de dénivelé dans les pattes pour pouvoir absorber celui de l’Origole sans exploser rapidement. Niveau alimentation, j’ai essayé de boire très régulièrement, mais encore une fois, mon estomac m’a joué un sale tour… Je ne sais pas quand je vais trouver la solution, ni quelle piste suivre.
Maintenant, je relativise aussi, quelques jours après la course. J’ai aimé courir cette course, j’ai aimé l’ambiance, je crois que j’ai même aimé la boue ! Je finis en 4H02min46sec, à la 80ème place sur 173 arrivants (42ème SE sur 77). Ce n’est finalement pas si mal, et montre que cette course est quand même difficile (ou que pleins de coureurs n’y était pas spécifiquement préparé ! lol). En tout cas, ce sont des débuts qui appellent d’autres courses… Je suis plongé dans le calendrier pour voir ce que je pourrais faire avant Paris…

A l’année prochaine !

9 commentaires:

  1. Bravo !!! Tu as souffert mais tu as été jusqu' au bout!
    Le chrono, c' est secondaire à mon avis.

    Bone continuation!
    jp

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  2. Et bah ! En voila un compte-rendu qu'il est long ! Bien joué d'avoir terminé quand même malgré la fatigue. Heureusement que c'était dans la boue finalement : ça a empêché la voiture-balai de te rattraper (enfin bon elle aurait dû ramasser une grosse moitié des participants avant toi) ! Bon courage pour nettoyer les chaussures. Ah oui aussi, j'ai bien kiffé le sourire de ouf qu'on aperçoit vite fait si on fait attention à la fin de la vidéo, juste après un énorme faisceau de frontale !

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  3. Dans la boue, de nuit, défoncé ... que du pur bonheur quoi !!! Bravo pour avoir terminé ;)

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  4. Moi je dirais et ben voila un compte rendu qui en dit long...!!! :)

    Que du bon ! De la boue, du froid! Des cotes pour en chier!!! Génial Momo!! Bienvenido dans le monde du trail ! Tu souffres mais c'est bon! Ton ptit sourir au 19e n'est pas anodin c'est certain ;-)

    JoliJoli en tout cas!!

    Becots!!
    Flocoooo

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  5. non non non et non, 4H 02 min c'est un temps de merde comparé à l'objectif initial de 2H 30 min, je ne comprends pas les felicitations!! bon j'arrete la car j'ai peur des represailles...

    non serieusement tu as les felicitations de la moitié de la team packaging, enfin de moi quoi, pour cette course d'enfer qui restera je pense un bon souvenir avec le recul.

    sinon pour l'ecriture c'est pas mal, j'ai presque été aussi absorbé que les recits de M&M.

    Teeeeaaaaaaammmmm Packaging

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  6. Bravo !
    Mes plus sincères félicitations mon momal !
    Je suis fier de toi. Et si tu faisais tout bien dés la première fois tu te lasserai rapidement !
    Ne te décourage en aucun cas. Tu n'es juste plus capable de réaliser à quelle point ta performance est déjà énorme et que la majorité des personne est incapable de faire ça, moi le premier.

    Respect mister.
    Biz
    Cléclair

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  7. @JP : Merci ! Effectivement, l'important est de le faire, peu importe le temps... :)

    @Alex : ouais, les CR longs, ça me connait... J'arrive pas à faire plus court... lol T'inquiète, les chaussures sont passées par la case douche dès dimanche ! Elles n'ont jamais été aussi propre ! Sinon, content que la vidéo t'ai plus... Je pensais pas qu'on verrait le smile... :)

    @Lamiricore : Merci ! Effectivement, je crois que j'y ai pris gout... :)

    @Floco : Merci l'ami, je n'attends qu'une chose de toi : que tu rechausses tes chaussures de trails pour partager un bain de boue... ;)

    @Team Packaging : Déjà EX team pacaging, lâcheur ! Merci pour les compliments ;)

    @Cléclair : T'es choux ! Mais je t'assure, c'est à la portée du plus grand nombre. La tête et les jambes ! Tu aussi tu pourrais le faire, mais il faut surtout le vouloir avant tout ! ;)

    @tous : Record de fréquentation battue avec ce CR, merci à tous (même si le score est pas grand, là n'est pas le principal). Plus le temps passe, plus je suis content de ma course. Alors comme le dit "Miaou" du forum Athlète Endurance, et bien, je crois bien que je deviens accro... :)

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  8. Tu es un grand malade!! Courir déjà c'est une belle performance pour moi mais en plus dans la boue, la nuit et l'hiver... Donc pour tout cela bravo! Tu peux malgré ce que tu dis être fier de toi, pour une première tu es quand même arrivé dans la première moitié! Et sinon, les chaussures, tu les a jetées ensuite, non??
    Cécilia

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  9. Ouai ouai, lui il cours très souvent, ceux qu'il faut féliciter, ce sont les deux sportifs du dimanche qui se sont embarqué dans ce truc de dingues.
    En tout cas, comme la plupart des commentaires le disent, nous ne regrettons pas d'y avoir participer, perso, c'était un challenge : mission réussi.

    Félicitation momo, tu a fait ton dépucelage du trail.

    Gaël

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